Archives du blog

mardi 26 avril 2011

Vendre sur Facebook, le nouveau Far-West du e-commerce

On appelle ça le "f-commerce". De plus en plus de marchands mettent leur catalogue en vitrine sur Facebook, et certains proposent déjà de payer ses achats sans sortir du réseau social. Premiers retours d'expérience.

De quoi rêvent aujourd'hui les e-commerçants ? De faire de Facebook et de ses 600 millions de membres le plus grand hypermarché du monde. La plupart des marques sur Facebook sont encore dans une logique d'acquisition de fans et d'engagement de la conversation avec leurs clients. Mais l'avenir est à l'intégration plus poussée, allant jusqu'à la réalisation de la transaction sans sortir du réseau social. Il va falloir compter avec le f-commerce, terme inventé pour décrire le commerce sur Facebook. Le rachat par 24h00.fr de Boosket, une start-up spécialisée dans la création de boutiques sur Facebook, prouve que ça bouge dans le secteur. Il y a moins de six mois, Payvment, un acteur américain du f-commerce, levait 6 millions de dollars lors d'un deuxième tour de table.
Recréer une boutique dans une page Facebook

Boosket permet à n'importe quelle entreprise ayant une "page fan" sur Facebook de mettre en vente ses produits sur le réseau social, par le biais d'une page personnalisable renvoyant sur son site marchand, ou d'une application intégrant l'achat et le paiement sans quitter la plateforme. Créée en septembre 2010, la start-up travaille déjà avec 2000 clients, dont Naf Naf, La Redoute, Kiabi, Grosbill, Eram, et énormément de TPE-PME. Elle affirme doubler ses revenus chaque mois depuis son lancement, et espère encore quadrupler ses ventes d'ici à la fin de l'année. Sa solution, vendue initialement sur abonnement, est devenue gratuite pour les petites entreprises dans une version standard et automatisée. La société se rémunère en vendant aux grands comptes un accompagnement global et une solution permettant d'interfacer leur système d'information avec celui de Facebook.
Boosket s'est bâti sur un modèle éprouvé aux Etats-Unis, par des prestataires comme Bigcommerce, Payvment ou Usablenet. En France, il n'est pas le seul à proposer ce genre de prestations. C'est le cas de Lengow, et bientôt de l'agence interactive Nurun. Prestashop, fournisseurs de boutiques internet clés en mains, propose également des modules personnalisables de mise en avant de catalogue sur Facebook, mais sans aller jusqu'à la prise en charge de la transaction.
Dernier buzz à la mode ou tendance de fonds ?

D'après un sondage réalisé par Booz&Co en 2010, 27% des internautes adeptes du e-commerce et des réseaux sociaux aimeraient acheter des biens sur des réseaux sociaux. Le cabinet de conseil évalue le marché du "social commerce" (plus large que le seul f-commerce mais hors biens virtuels) à 5 milliards de dollars, et estime qu'il atteindra 30 milliards dans 5 ans.
Forrester n'est pas si optimiste. Pour une de ses analystes, le f-commerce est un leurre. Les gens ne vont pas sur Facebook pour acheter, dit-elle. Ils deviennent "fans" des marques simplement pour obtenir des bons de réduction. Et d'après elle, 60% des marchands auraient du mal à déterminer quel est le retour sur investissement de leurs actions sur les réseaux sociaux.
Premiers retours d'expérience

Le f-commerce est encore une affaire de pionniers. 1800flowers ou JC Penney aux Etats-Unis, Asos en Angleterre, La Redoute (340 000 fans au compteur) en France... L'important pour ceux qui "y vont", c'est surtout "d'aller chercher les consommateurs là où ils sont", comme l'explique Guillaume Darrousez, directeur e-commerce et développement de La Redoute.
Du côté des marchands, il est encore difficile de recueillir des chiffres pour faire un bilan. Josue Solis, fondateur et président de Boosket, indique par exemple que le taux de conversion dans Facebook est moins bon que la moyenne du e-commerce, mais que le coût de recrutement est largement inférieur. Mais l'analyse n'est pas forcément partagée.

Il semble que les petites entreprises aient particulièrement intérêt à développer ce canal de vente, qui représente pour certaines plus des 10% des ventes, voire largement plus, ou leur permet d'accroître le panier moyen. Archiduchesse.com, un vendeur de chaussettes en ligne français, réalise par exemple 20% de son trafic grâce à sa vitrine Facebook. Il peut être aussi plus intéressant, pour une société qui se lance, d'ouvrir une boutique uniquement sur Facebook et ainsi de gérer sa stratégie sociale et marchande d'un seul tenant. C'est ce qu'a fait Romab, un petit studio de design de coques iPhone en séries limitées, qui a créé sa boutique avec Payvment. Autre opportunité, pour les grands groupes cette fois : vendre une marque qui a déjà des fans, mais pas de site e-commerce. Unilever l'a fait pour Dove.

Auteur: Raphaële Karayan
Source : http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/vendre-sur-facebook-le-nouveau-far-west-du-e-commerce_252207.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire